ALORS, BON POUR LE COEUR, LE VIN ROUGE?



Et s’il suffisait de boire deux verres de vin rouge chaque jour pour se protéger des maladies cardio-vasculaires? Depuis les années 1990 et la découverte du fameux “French paradox” (ou comment les Français peuventils avaler autant de graisses animales et afficher un taux d’infarctus si bas en comparaison des Etats-Unis, par exemple), le vin rouge serait – dit-on – le meilleur allié de notre coeur : bu avec modération, il assouplirait nos artères, diminuerait notre tension artérielle, équilibrerait nos taux de “bon” et de “mauvais” cholestérol... Son secret? Le resveratrol. Ce polyphénol que la vigne fabrique pour se défendre des champignons. Présent dans la peau des raisins, il se retrouve, très concentré, dans le vin rouge (environ 5 mg/l dans un pinot noir, 3,8 mg/l dans un bordeaux). Antioxydant, anti-infammatoire et antiagrégant, il limiterait la formation de plaques d’athérome (un dépôt graisseux) – et donc de caillots – dans les vaisseaux sanguins.

UNE HYPOTHÈSE À DÉMONTRER

Preuve a été faite de ces effets... chez les animaux. Le vin rouge permet, par exemple, une vasodilatation artérielle chez le cochon hypercholestérolémique. Quid des humains ? De nombreuses études épidémiologiques confirment les bienfaits du vin rouge sur la santé cardio-vasculaire. La plus vaste est celle menée par l’OMS auprès de 15 millions de personnes dans 25 pays : elle montre un effet préventif à dose modérée, c’està-dire entre 1 et 3 verres par jour. A l’inverse, dans une étude réalisée au pays du chianti (la Toscane) sur dix ans, les chercheurs n’ont pas réussi à trouver de lien entre la concentration en resveratrol dans les urines et l’incidence des maladies cardiaques.

Pour établir une fois pour toutes un lien de cause à effet entre la consommation modérée de vin et la bonne santé de nos artères, il faudrait donc réaliser des études cliniques sur plusieurs décennies (le temps que les maladies cardio-vasculaires s’installent) tout en contrôlant de façon stricte le nombre de verres ingérés chaque jour… Autant dire que pour l’instant, il est impossible d’être catégorique sur le sujet. Et on voit mal un cardiologue se risquer à conseiller un verre de rouge à quelqu’un qui n’en boit jamais. Car au milieu de toute cette incertitude, une chose ne fait aucun doute : après l’eau, l’ingrédient principal du vin rouge est l’éthanol. Une molécule dont les effets sur la santé n’ont plus rien de mystérieux.

Un verre ça va... vraiment?

L’idée rassurante que boire avec modération ne présente aucun risque est bien ancrée dans les esprits et, pourtant, l’Institut National du Cancer (INCa) le martèle : avec l’alcool, il n’existe pas de “dose sans effet”, même une consommation modérée (moins de deux verres par jour) augmente le risque de cancer. Certes, celui-ci est moindre en buvant un verre par jour qu’en en buvant cinq, mais il n’est pas nul. Et pour cause, notre foie transforme chaque molécule d’éthanol en acétaldéhyde, une substance cancérigène ; le métabolisme de l’alcool produit au passage des radicaux libres qui peuvent endommager l’ADN; sans oublier que l’alcool augmente la perméabilité des muqueuses des voies aériennes et digestives supérieures, ce qui favorise le passage des cancérigènes du tabac. Résultat, les études citées par l’INCa montrent, par exemple, qu’un verre par jour multiplie par deux le risque de cancer de la cavité buccale. Cela fait aussi grimper de 9 % le risque de cancer du côlon, de 10 % celui de cancer du sein, de 28 % celui du cancer de l’oesophage. L’épidémiologiste Catherine Hill a estimé qu’une consommation de 13 grammes d’alcool chaque jour (1 verre = 10 g) serait à l’origine de 1 100 décès chaque année en France. Pour l’OMS, la question se résume donc en une phrase : “Less is better!” – moins, c’est mieux.

D’où vient que...  un petit verre aide à digérer?

Du Moyen Age, où les banquets s’achevaient par un verre d’hypocras, un mélange de vin, de miel et d’épices censé favoriser la digestion. Si la coutume est restée, le petit verre en fn de repas a depuis fait la preuve de son ineffcacité. L’alcool aurait même tendance à ralentir la digestion. Dans l’estomac, il bloque la production de gastrine, une hormone qui contrôle l’acidité et la mobilité de l’estomac, deux éléments essentiels à la transformation des aliments en nutriments. Résultat: il faut neuf heures à l’estomac pour digérer la moitié d’une fondue si elle est accompagnée de trois verres de blanc et d’un petit verre de schnaps. Si elle est arrosée d’eau et de thé noir, l’estomac mettra trois heures de moins!

Par A. Colonat dans "Science & Vie", n. 21, octobre-novembre-decembre 2016, France, pp.62-63.  Dactylographié et adapté pour être posté par Leopoldo Costa.

0 Response to "ALORS, BON POUR LE COEUR, LE VIN ROUGE?"

Post a Comment

Iklan Atas Artikel

Iklan Tengah Artikel 1

Iklan Tengah Artikel 2

Iklan Bawah Artikel