L'INTOLÉRABLE CRUAUTÉ DES ABATTOIRS



2016 aura été marquée par les vidéos de l'association de protection des animaux L214 régulièrement mises en ligne pour exposer la cruelle réalité de plusieurs abattoirs français.

La reprise systématique par les grands médias a montré que le sujet était en fait une question de société.

Était·ce la bande-annonce d'un film d'horreur: on l'aurait souhaité ... Pas le moins du monde. Les scènes qu'ont diffusé les chaînes d'information sont bien réelles. La nausée passée, la curiosité et l'indignation prennent le pas. Les plus audacieux ont visionné l'intégralité de la vidéo sur Internet.

Les scènes en question ont été tournées en caméra cachée (novembre 2015-mai 2016) et mises en ligne sur son site par L214 (voir notre interview). Fondée en 2008 par des militants défenseurs des animaux - dans le cadre de leur utilisation à des fins alimentaires - cette association avait été aux avant-postes dans la lutte contre le gavage des oies et la campagne pour l'abolition du foie gras. Elle tire son nom l'article L214-1 de notre Code rural: pour la première fois, les animaux y ont été désignés comme « êtres sensibles » (2000).

Une vidéo concerne l'abattoir de Puget-Théniers (Alpes-Maritimes) : un mouton égorgé tente de prendre la fuite, un veau, à moitié décapité, lutte contre la mort. Ça dure plusieurs minutes.

La seconde, tournée à Pézenas (Hérault), montre des chevaux soulevés à l'aide de treuils, des cochons forcés d'avancer à coups d'aiguillons électriques, des bovins et moutons égorgés et suspendus à des crochets encore conscients, il y en a même un qui prend un coup de couteau dans l'oeil...

L'association a porté plainte, comme toujours. Car il ne s'agit pas d'actes isolés. L214 avait déjà dénoncé, en février 2016, pareils agissements à l'abattoir du Vigan (abattoir intercommunal du Pays viganais, Gard) pourtant certifié bio. Vous cliquez sur une nouvelle vidéo. Sur la chaine d'abattage, les animaux encore conscients sont saignés, le délai étant raccourci après étourdissement. Il faut s'y reprendre à plusieurs fois, le matériel, apparemment défaillant, ne faisant pas son office. Des manquements aggravés par des scènes confinant à la torture, des employés hilares semblant prendre un malsain plaisir à tabasser des moutons, jouer de la pince électrique, mimant de surcroît la souffrance inutile qu'ils infligent aux bêtes.

A Mauléon-Licharre (abattoir du Pays de Soule, Pyrénées-Atlantiques, certifié bio et qui met en avant le label Rouge) l'épouvante est du même ordre. Dans La précipitation, on commence à découper pattes et têtes d'animaux pas encore morts.

Pourtant, la législation française impose l'étourdissement des animaux avant la mise à mort selon divers procédés répertoriés, l'inconscience ayant pour effet de prévenir la souffrance. Le respect de telles normes est contrôlé par les services vétérinaires. Hélas, du fait de multiples autres missions et d'effectifs insuffisants, les inspections concernant les conditions d'abattage s'effectuent de manière aléatoire, entre une fois par semaine et une fois par mois.

Devant de telles images, le spectateur est forcément choqué. Outré par l'inhumanité de ces pratiques induites par une industrialisation implacable, une concurrence féroce poussant à l'emploi de travailleurs détachés, venus d'Europe de l'Est, soumis à des cadences infernales, réduits à un état de quasi-esclavage, ne parlant ni ne comprenant le français.

La sensibilité à La cause animale n'est pas une priorité pour les recruteurs qui privilégient la productivité ...


ENTRETIEN AVEC JOHANNE MIELCAREK
(chargée de campagnes à l'association L214)

CCM : Comment êtes-vous informés des atrocités commises dons des abattoirs?

JM: De plus en plus souvent, l'association reçoit des témoignages. Des employés, ou plus largement des personnes ayant ronnaissance de certaines situations qu'elles souhaitent dénoncer, nous rontactent et expriment leor volonté d'agir pour oes animaux.

CCM : Avez-vous d'ares et déjà connaissance d'autres lieux où les pratiques sont identiques et êtes-vous sur le point de diffuser de nouvelles images chocs?

JM: Comme l'élevage industriel est le système dominant, la plupart des lieux d'élevage et de mise à mort renferment une souffrance animale aussi certaine que celle exposée dans les vidéos que nous avons rendues publiques. Notre travail ronsiste à porter cette réalité à la connaissance du public et nos enquêtes et les diffusions vont bien sûr continuer.

CCM : Subissez-vous des pressions ou recevez-vous des menaces?

JM : Nous recevons parfois des coups de fils anonymes menaçants ou agressifs, mais la vraie menace est celle qui met en péril la liberté d'informer et le débat démocratique. Par exemple, lorsque le lobby des producteurs d'oeufs attaque L214 pour nous empêcher de dénoncer les infractions commises dans des élevages en batterie, il y a tentative d'atteindre au droit à l'information et à l'Intérêt général.

CCM : Les élevages de valailles sant-ils également dans votre ligne de mire [alors que la consommation augmente en France] ?

JM : Les oiseaux (poulets, poules, canards, dindes, pintades) sont de loin les animaux les plus maltraités et tués en plus grand nombre après les poissons. Ils comptent pour 93 % de tous les animaux tués en abattoir. Certaines personnes sensibles à la souffrance des animaux cessent de manger des mammifères mais se reportent sur les poulets. Malheureusement leor existence est un calvaire. La vitesse de croissance des poulets a été accélérée par la sélection génétique. Au bout de 35 jours, ces poussins pèsent déjà 2 kg. Des bébés prêts à être tués. Leurs pattes peinent à supporter le poids de leur corps, et beaucoup d'animaux souffrent de maux douloureux. Quant aux poissons pêchés ou élevés, ils se comptent par milliards. Notre société a trop longtemps négligé leur condition.

CCM : Pensez-vous que la jeune génération et donc les consommateurs de demain, sont plus sensibles à la cause que vous défendez?

JM: Grâce aux nouvelles connaissances et à une information plus aa:essible qu'auparavant, la société entière prend progressivement consdenoe que chaque animal est un individu unique, avec une vie émotionnelle, des liens affectifs, une intelligence, une consdence ... 3 millions d'êtres sensibles sont violemment mis à mort chaque jour dans les abattoirs. Nous n'aocepterions jamais de telles conditions de vie et de mise à mort pour les chiens et les chats qui partagent nos foyers. Cette souffrance est infligée sans aucune nécessité puisqu'il est reconnu que manger des produits animaux n'est pas nécessaire pour être en parfaite santé. La jeune génération, plus dlsposée à réaliser un inventaire critique de nos habitudes et de nos idées reçues, portera un regard nouveau, ouvert et bienveillant sur ces êtres sensibles, nous en sommes convaincus. Au-delà des jeunes, notre espoir est d'aider chacun à lever les obstades sociaux et psychologiques qui nous maintiennent dans cette incohérence et coatent cher aux animaux.

(Propos recueillis par Delphine Gaston-Sioan)

Dans "Comment Ça Marche", nº 76, octobre 2016, France, pp. 40-45.  Dactylographié et adapté pour être posté par Leopoldo Costa.

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